Doozy: Maxime, merci de prendre le temps de répondre à mes questions aujourd'hui. Pour commencer, parlons un peu actu. J'ai cru comprendre que ton emploi du temps était bien fourni jusqu'au mois de juillet, c'est bien ça ?
Maxime: Exactement. Mon calendrier est très chargé jusqu'à juillet, avec environ un événement chaque semaine. Je me concentre actuellement sur les deux prochaines échéances : Saint-Maur et la World Cup au Vietnam.
Doozy: Avec ce genre de rythme, à quoi ressemble ton emploi du temps ?
Maxime: Eh bien, je m'entraîne tous les jours pour rester au niveau. Même si parfois, je dois me déplacer pour les compétitions, l'entraînement quotidien est essentiel pour moi. J'ai récemment changé de club, je suis maintenant au club de Sélestat (67) et je vis à Colmars. Mes entraînements sont quasi quotidiens : je revois mes matchs si possible, je travaille sur les points de placement, les variantes en fonction des positions, et je pratique le jeu libre. Les sessions durent en moyenne trois heures. Je retravaille aussi très souvent les points que j'ai ratés durant mes matchs précédents. Enfin, la visée et la gestuelle sont aussi des éléments que je travaille beaucoup, notamment la position du bras et de la main. Je m'entraîne seul et je préfère cette manière de faire. Il y a beaucoup de facteurs à prendre en compte pour être parmi les meilleurs au billard et travailler dessus me prends beaucoup de temps.
Doozy: Le billard est-il un sport solitaire selon toi ?
Maxime: Oui, il y a un aspect très individuel avec une grosse introspection et beaucoup d'auto-critique. Cependant, il y a aussi un aspect collectif important lorsqu'on fait partie d'une équipe. La cohésion est essentielle, et avoir de bons joueurs dans l'équipe te booste.
Doozy: Justement, comment se construit cette cohésion dans ton équipe ?
Maxime: Pour moi, la cohésion se construit à travers les interactions régulières. Par exemple, je croise Glenn (Glenn Hofman, joueur professionnel néerlandais) dans deux équipes : Doozy et Cues&Darts. J'ai fait un stage avec lui, et on se voit lors des compétitions. Cela nous donne beaucoup d'occasions pour discuter, avant et après les matchs, sur le billard comme à propos d'autres sujets. On a aussi des discussions informelles sur les réseaux sociaux. Ce sont ces interactions qui permettent aux joueurs d'une équipe de construire une relation solide et c'est cette relation qui nous permet de développer une cohésion qui nous tire vers le haut lors de nos matchs.
Doozy: Très intéressant merci. Je ne pensais pas que l'aspect collectif pouvait avoir une telle importance dans un sport comme le billard, mais ce que tu dis a beaucoup de sens en effet. Changeons un peu de sujet si tu le veux bien et intéressons nous à ton passé. Quel est ton parcours académique et comment as-tu découvert le billard français ?
Maxime: Pour ce qui est de mon parcours scolaire, j'ai obtenu un CAP Pâtisserie en 2017 et j'ai rejoint ce CAP directement après le collège. En ce qui concerne ma découverte du billard : durant mon enfance puis au début de mon adolescence, je jouais au foot en club, mais en 2011, une blessure au talon m'a contraint à arrêter pendant six mois. Pendant cette période, j'accompagnais souvent mon père au Colmard Billard Club et un jour, je lui ai demandé si je pouvais essayer de jouer. J'ai tout de suite accroché. Au début, j'ai appris les bases comme beaucoup de gens : les positions, faire un chevalet, les quantités... ensuite, je me suis beaucoup entraîné seul, tous les mercredis (de 13h à 22h) et tous les week-ends. J'ai commencé en jouant à la libre pendant huit mois, puis je suis rapidement passé au trois bandes. J'ai beaucoup appris en jouant un grand nombre de parties libres seul mais aussi en participant à des stages fédéraux.
Doozy: Quel est l'état du billard français dans notre pays selon toi ?
Maxime: Malheureusement, c'est un milieu qui peine à se renouveler et peu attractif pour les jeunes ou pour tout autre nouveau public. Le billard français souffre de la comparaison avec les trois autres disciplines qui ont plus de moyens et une moyenne d'âge plus faible, ce qui leur permet d'attirer et de fédérer plus de gens chaque année. Pour le billard français, on peut facilement remarquer que peu de clubs s'investissent, ce qui est bien dommage car notre sport a beaucoup de potentiel. Mais il existe des contre-exemples comme le club de Blois pour lequel je joue et qui s'investit énormément. C'est dans ce genre de club que j'aime jouer et dans lesquels on remarque la grande passion qui anime certains.
Doozy: Et que faudrait-il faire pour améliorer la situation d'après toi ?
Maxime: Je pense qu'il serait bénéfique de créer des centres de formation pour les jeunes, d'augmenter la visibilité grâce à des retransmissions télévisées, et d'utiliser des personnalités publiques et de la publicité sur les réseaux sociaux pour attirer plus de monde. La visibilité offerte par les réseaux et la télé permettraient de faire découvrir la discipline et de donner envie de s'y essayer. Les centres de formation quant à eux permettraient de structurer et de professionnaliser les parcours des jeunes athlètes qui voudraient s'adonner au billard français. De tels centres existent dans certains pays, comme en Espagne et en Corée du Sud et c'est dans ces derniers que le billard français est populaire auprès des plus jeunes. Selon moi, tout est une question de professionnalisation et de visibilité.